Après 10 ans d’accompagnement des entrepreneurs à impact positif, Ticket for Change publie un baromètre inédit sur la santé mentale des dirigeants à impact, en collaboration avec Aurélien Baillon, professeur emlyon business school et co-directeur de la Chaire de recherche Malakoff Humanis sur la santé mentale des dirigeants d’entreprise.
Cette enquête, menée auprès de 175 dirigeants de l’économie dite “à impact positif sur la société”, met en lumière une réalité préoccupante : de nombreux dirigeants de structures à impact sont exposés à des risques accrus pour leur santé mentale.
Les questions du baromètre s’appuient notamment sur l’indice de bien-être de l’OMS : un instrument de mesure du bien-être mental qui se compose de cinq énoncés relatifs aux deux dernières semaines.
Selon la définition de l’OMS, la santé mentale est un « état de bien-être qui permet à chacun de réaliser son potentiel, de faire face aux difficultés normales de la vie, de travailler avec succès et de manière productive, et d’être en mesure d’apporter une contribution à la communauté ».
Un constat alarmant
- 40% des dirigeants à impact interrogés dans le cadre de l’étude déclarent ne pas être en bonne santé mentale (étude Ticket for Change x emlyon), contre 24% des dirigeants traditionnels répondant à une question similaire (étude MMA).
Cette réalité est même sous-estimée, car certains dirigeants, soucieux de donner une image de réussite, tendent à minimiser leurs difficultés. L’étude met en évidence un fort effet de biais social : lorsqu’on utilise des méthodes d’évaluation indirectes1, les niveaux de stress et de détresse psychologique apparaissent bien plus élevés.
Fait marquant : 100% des dirigeants à impact avec une santé mentale très dégradée en ont conscience. Cependant, le poids des représentations et le biais de désirabilité sociale peuvent conduire certains à dissimuler leurs difficultés, et certains d’entre eux minimisent leur état.
Enfin, l’absence de soutien adapté est pointée par les dirigeants : dans une étude qualitative menée en parallèle, 100% des répondants soulignent le manque d’un accompagnement collectif spécifiquement dédié à leur bien-être mental.
- Des questions ne demandant pas directement comment la personne évalue sa propre santé mentale, mais demandant des informations sur son alimentation ou la qualité de son sommeil
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Des amplificateurs de mauvaise santé mentale
Un surengagement dans son travail (“workaholism”) au-dessus de la moyenne double le risque de santé mentale dégradée (de 20% à 40%). Ce surengagement, souvent observé chez les entrepreneurs à impact, se traduit par des difficultés à déconnecter et une présence mentale constante du travail. Pour l’évaluer, le baromètre proposait aux dirigeants de se positionner sur les affirmations suivantes :
- “J’ai l’impression que je ne peux pas m’empêcher de penser au travail.”
- “En général, je passe mon temps libre à penser au travail.”
- “À tout moment, la majorité de mes pensées sont liées au travail.”
- ”Il m’est difficile d’arrêter de penser au travail lorsque j’arrête de travailler.”
De même, un isolement professionnel au-dessus de la moyenne augmente le risque de santé mentale dégradée de 20% (de 30% à 50%). Les dirigeants à impact expriment parfois une solitude face aux décisions et une distance avec leurs collaborateurs ou partenaires. Le baromètre s’appuyait sur les affirmations suivantes :
- “Je me sens exclu(e) par un ou plusieurs de mes employés, cogérants, ou partenaires de travail.”
- “Je me sens isolé(e) au travail.”
L’étude révèle aussi que les femmes sont plus exposées à une santé mentale détériorée : 36% des femmes dirigeantes sont considérées comme « à risque », selon l’indice de bien-être de l’OMS, contre 20% des hommes.
Des leviers protecteurs pour préserver la santé mentale
Des pistes existent pour se prémunir contre ces risques. L’étude met en avant deux facteurs protecteurs clés :
- Cultiver une vision positive du stress réduit le risque de mauvaise santé mentale de 10% (de 40% à 30%). Cela consiste à percevoir le stress comme un moteur et une source de stimulation plutôt que comme un facteur exclusivement négatif.
Adopter une posture entrepreneuriale forte réduit de presque moitié le risque de santé mentale dégradée (de 50% à 30%). Cette posture se traduit par une capacité à faire face aux incertitudes et à percevoir les obstacles comme des opportunités.
Prendre soin des dirigeants pour assurer la pérennité du secteur de l’économie à impacT : UNE nécessité
Face à ces constats, il est urgent d’intégrer la santé mentale comme un pilier central du modèle entrepreneurial à impact. Une mauvaise santé mentale du dirigeant n’est pas sans conséquence : elle met en péril non seulement son équilibre personnel, mais aussi celui de son équipe et la pérennité même de son projet.
Dans un contexte social tendu, marqué par des reculs sur les questions environnementales et les droits sociaux, l’économie à impact apparaît comme une alternative essentielle pour construire une société plus juste et durable.
Les dirigeants de ces structures sont en première ligne : souvent au contact de publics vulnérables, ils portent, au quotidien, les grands défis écologiques et sociaux. Cette responsabilité, conjuguée à des ressources souvent limitées, notamment financières, fait peser sur leurs épaules une pression intense, qui explique en partie l’état préoccupant de leur santé mentale.
Prendre soin de ces dirigeants n’est pas un confort, c’est une nécessité. Soutenir leur bien-être, c’est garantir la solidité des projets qu’ils portent et, au-delà, contribuer à la construction d’un futur souhaitable.
La santé mentale a été annoncée Grande cause nationale 2025. Une priorité à échelle nationale qui est d’autant plus prégnante pour les dirigeants et dirigeantes de structure à impact, en première ligne pour construire une société juste et durable. Pour pallier au manque d’accompagnement de cette population particulièrement touchée par les risques de mal-être mental, Ticket for Change développe Oasis, le premier programme dédié à la santé mentale des entrepreneurs à impact.